Article : Gangrènes cutanées dues à Staphylococcus aureus et aux Clostridium spp., et sillons de disjonction
Introduction
Les gangrènes cutanées résultant d’infections bactériennes, notamment par Staphylococcus aureus ou des Clostridium spp., constituent des urgences dermatologiques graves, particulièrement lorsqu’elles suivent des morsures. Ces conditions pathologiques, souvent fulminantes, engagent rapidement le pronostic vital.
Pathogénie et présentation clinique
Staphylococcus aureus : Il peut provoquer des nécroses tissulaires par production de toxines dermonécrosantes, induisant une réponse inflammatoire sévère avec œdème, érythème et suppuration. Les infections évoluent fréquemment en fasciite nécrosante, aggravée par des mécanismes de résistance aux antibiotiques, notamment la méthicilline (SARM).
Clostridium spp. : Ces bactéries anaérobies, comme Clostridium perfringens, sécrètent des toxines alpha (phospholipases C) responsables de la lyse cellulaire et de la destruction tissulaire massive. Ces gangrènes gazeuses se caractérisent par une nécrose extensive, des crépitations dues à la production de gaz sous-cutané, et une progression fulgurante.
Sillons de disjonction : Ils traduisent souvent des trajets créés par les bactéries anaérobies dans les tissus sous-cutanés. Ces sillons peuvent être palpables comme des zones fluctuantes ou visibles par imagerie.
Diagnostic
Cytologie : Examens directs à partir de suintements ou de lésions cutanées. Identifier des bactéries gram-positives (Staphylococcus spp.) ou des spores de Clostridium.
Culture bactérienne et antibiogramme : Indispensables pour orienter le traitement antibiotique.
Radiographie ou échographie : Détection des gaz sous-cutanés caractéristiques des gangrènes clostridiennes.
Histopathologie : Identification de nécrose, vascularite et invasion bactérienne.
Prise en charge thérapeutique
Soutien médical :
Antibiothérapie empirique : Association de bêtalactamines à large spectre (p.ex. amoxicilline-clavulanate) et de molécules ciblant les anaérobies (métronidazole ou clindamycine).
Adaptation aux résultats de l’antibiogramme.
Chirurgie :
Débridement agressif pour retirer les tissus nécrotiques.
Dans certains cas, amputation si la progression est incontrôlable.
Soutien en soins intensifs :
Fluidothérapie pour gérer le choc septique.
Hyperoxygénothérapie dans les cas de gangrènes gazeuses.
Conclusion
La combinaison d’une approche diagnostique rapide et d’une prise en charge agressive peut sauver des cas critiques comme celui que vous traitez. Un suivi étroit est nécessaire pour surveiller l’évolution et prévenir les complications secondaires comme la septicémie ou les défaillances organiques.
CAS PRATIQUE
Nous avons reçu Pepsi, jeune chaton européen suite à une morsure et parésie de la queue, en état de choc.
Une forte odeur de nécrose se dégageait des lésions, il a été décidé assez rapidement de mettre l’animal sous fluidothérapie et d’aérer les zones nécrotique en pratiquant des ouverture au bistouri électrique, une caudectomie a été pratiquée dans les 24 heures car l’état général se dégradait.
La gestion de la zone nécrotique se fait journalièrement en utilisant la photo-thérapie (Système Phovia) pour permettre grâce aux ondes lumineuses un effet anti-inflammatoire, cicatrisant, analgésique et stimulant.
Nous nous attendons à ce que le sillon de disjonction « lâche » dans les prochains jours et il faudra alors gérer la plaie par cicatrisation par seconde intention.
Aujourd’hui Pepsi a repris de l’appétit et un habitus normal.